Logan - Bleu Marine + Rouge
Escarpins talon 8 cm
LA VÉRITABLE HISTOIRE DE LA LOGAN
Si je vous demande d'où m'est venue cette inspiration pour l'escarpin que j'ai nommé Logan, vous allez de suite me dire qu'il s'agit d'un hommage au Youtuber Logan Paul parce que je kifferais de façon éhontée ce genre de balaise un peu neuneu qui prône la muscu et les coups dans la gueule. Tout cela pour amasser un max de thunes.
Certes, j'aime la Californie, mais pas ceux issus de l'Ohio qui prétendent être plus californiens que la plage de Santa Monica elle-même. Il ne s'agit donc pas d'un clin d'œil à celui qui se retrouva dans la sauce il y a quelques années car il se moquait d'une tradition ancestrale japonaise.
Non. Il faut plutôt aller voir du côté de chez Marvel. La face sombre. La face adulte. Celle où il est question de rédemption, filiation, aliénation.
Logan, c'est Wolverine mais quelques années après. Alors qu'il s'est retiré de la vie de super-héros et qu'il a rangé ses griffes au profit d'un job de conducteur de limousines. Je ne sais pas qui écrit les comics chez Marvel mais ils leur inventent toujours des alternatives poisseuses. Bref, le mec a désormais une vie de merde que rien ne saurait justifier à part un penchant pour le nihilisme qui expliquerait une certaine violence qui en découle. Voilà pour le décor. Après avoir lu ça, vous me direz, mais pourquoi diable avoir donné le nom de votre escarpin à un film que vous semblez ne pas aimer ?
Je l'aime si. Mais je le moque, parce que y a de quoi, vous avouerez. Et si vous ne voulez pas le faire, je le ferai pour vous. Car je prends des décisions fermes, malgré mon signe de la balance. Donc j'ai bien aimé Logan mais je ne voulais pas être frontale car derrière ce prête-nom se cache une drôle d'histoire qui m'est arrivée avec James Mangold, son réalisateur.
Alors que je rêvais de cinéma et de Big Apple, et contre l'avis de mon père, qui voulait que je marie un dude du bled, j'ai pris mes affaires, le contenu de ma tirelire cochon direction Beauvais et son aéroport bétaillère. Après 3 correspondances et 4 jours dans les airs, j'arrivais enfin à Toronto d'où je pris une navette jusque NY. Mes parents avaient une cousine qui vivait à Brooklyn depuis perpète. Une juive orthodoxe connue sous le nom d'Ethel. Elle avait fait 6 enfants. Tous étaient plus grands que moi, et tous vivaient encore avec elle alors que le padre s'était barré avec la babysitter dans le Maine.
Elle m'a généreusement accueillie en me proposant une pièce au sous-sol de son logement, sans fenêtre contre un loyer de 600$. Une aubaine pour la ville me dit-elle.
Si jamais je contestais le prix, elle se mettait à pleurer et demandait au ciel pourquoi la terre entière lui en voulait, mettant ainsi fin à tout dialogue. Pour payer une telle mensualité, il m'a fallu trouver un boulot. Et sans un visa de travail, compliqué. Alors comme la plupart des gens, je me mis à chercher dans la restauration où les patrons se contrefoutaient de la légalité tant qu'ils pouvaient nous payer à coups de pieds au cul.
Après des essais dans un tas de lieux tous aussi glauques les uns que les autres, je fus pris dans un resto italien dans le Lower East Side sur Broome.
J'acceptais le poste surtout parce qu'il était celui qui payait avec une base salariale la plus proche de la norme. Le patron était un petit gros tout vieillot. On aurait dit un testicule sur pattes Il avait les mains baladeuses et une piètre idée des normes hygiéniques. Un seul avantage à travailler dans ce gourbi : les pourboires. Les gens semblaient apprécier sa cuisine et ses pizzas au Nutella.
C'est là où je vis James pour la première fois. Il parlait de ciné en fumant le cigare et riant fort. Il voulait qu'on le remarque, ce petit personnage sûr de lui. Il me dégoûtait autant qu'il me fascinait. Mais j'avais bien compris que je l'intéressais car il a commencé à intensifier ses visites. Gino, le patron, m'envoyait toujours à sa table et me demandait de mettre des jupes toujours plus courtes pour l'aguicher. Ce que je refusais même si j'adorais les mini-jupes. Juste par principe. Malgré mes jeans oversized, j'ai pu plaire au jeune James qui me dévorait tellement des yeux qu'il laissait la moitié de ses plats.
Après six mois de pourboires plus que généreux, il se mit à m'aborder en posant sa main velue sur la mienne. Il me dit qu'il faisait du cinéma (à l'époque il ne faisait que des court-métrages mais il se comportait comme un nabab). Il me faisait un peu mal au cœur car il bafouillait en me parlant et n'osait pas soutenir mon regard. Il m'invita à m'asseoir pour prendre un cappuccino. Ce que je fis sous l'œil jaloux de Gino qui n'en foutait plus une rame pour nous espionner.
Ce James ne m'attirait pas des masses mais il m'attendrissait et devant ses balbutiements, j'acceptais un premier date avec lui. Puis un second. Puis au bout du dixième il m'invita à monter chez lui. Il voulait m'étourdir de ses projets en me parlant de ses contacts avec le tout-Hollywood. Par épuisement, mais aussi parce que je n'avais pas couché avec le moindre mec depuis mon arrivée aux US, je sentis monter en moi la fièvre à El Pao.
Pour certaines cela aurait pu être la foire du Trône, la possibilité de connaître une expérience hors du commun, avoir un rabbit humain sous la main. Pour moi c'était too much et cela scella mon destin. J'en avais assez vu de ce cabinet des curiosités. J'étais venue à la Big Apple pour faire du cinéma, pas faire partie d'un film de John Waters où chaque personne que je rencontrais était plus névrosée que la précédente.
Je n'avais jamais raconté cette histoire car j'avais peur que cela soit un frein à sa carrière. Et j'ai eu raison car depuis il a réalisé quelques films acceptables. Des films de bon faiseur où sont apparues toutes ses qualités. Et j'étais folle de joie pour lui quand j'ai su qu'il prenait la licence Indiana Jones en main. J'étais persuadée qu'il en ferait une grande suite. Mais après les deux heures et quelques de projection, j'en sortis désabusée, comme si j'avais été dépossédée de cette œuvre. Il en avait fait de la bouillie pour Ehpad. Une monstruosité. C'est pour cela qu'aujourd'hui j'ai décidé de sortir du bois et raconter ce qui nous liait, persuadée que ce dévoilement l'amènerait à se recentrer et à réfléchir profondément sur ce qui l'animait.
Nous avons renoué le dialogue depuis la divulgation de notre historiette. Il va beaucoup mieux et il semble qu'il ait envie de mieux faire pour un monde meilleur. Alors ? Merci qui ? Merci Patricia. Ô toi lanceuse d'alerte et d'Arlette magnifique. Que ton nom soit sanctifié !
Le lien entre le texte et cette chanson n'est peut-être pas évident pour vous, mais pour moi, il s'agissait de la chose à faire.
Et la voici donc faite : https://www.youtube.com/watch?v=6xckBwPdo1c